Chapitre 2
Nous étions trois enfants dans la famille, mon frère aîné, ma sœur et moi. En tant que dernière, mon père avait clairement une préférence pour moi, tandis que maman nous aimait tous les trois de la même manière. Mon frère, atteint de la trisomie 21, était incroyablement gentil et aimant .Cependant, je ressens encore de la douleur lorsque je repense à cette époque, où les personnes pouvaient être cruelles et méchants envers lui, ils le dévisageaient comme s'il était un monstre, ignorant que malgré son apparence différente, son cœur était le même, tout comme vous, il aimait les chatouilles, il riait, et tout comme vous, il avait besoin d'amour. Vous ne connaissez pas leur véritable nature ! Ce sont des êtres remplis de compassion, qui, lorsqu'ils rencontrent d'autres personnes, le font sans aucune arrière-pensée. Parfois, des inconnus s'arrêtaient pour dire à maman qu'elle faisait preuve d'un grand courage, mais en vérité, il ne lui demandait aucun courage d'aimer son enfant, et de se laisser aimer par lui.
Notre résidence était un élégant appartement comprenant neuf pièces, idéalement situé en plein centre-ville de Strasbourg. Maman travaillait comme femme de ménage pour un couple de gynécologues très gentils qui adoraient maman et la respectaient énormément. Chaque matin, lorsqu'il faisait encore nuit, elle partait de la maison à pied ou à vélo, peu importe la saison, pendant que nous dormions profondément. A son retour, après avoir déjà passé beaucoup de temps à travailler, elle nous réveillait et reprenait ses tâches. Maman ne se reposait jamais, s'occupant de tout, elle n'avait pas un instant à elle. En y réfléchissant, j'ai pris conscience qu'elle accomplissait de nombreuses tâches pour notre bien-être sans jamais se plaindre. Quand on est jeune, tout ce que fait sa maman semble normale, car on ne connaît pas d'autre réalité, mais en grandissant, j'ai réalisé que son travail l'épuisait. Je ne me souviens pas d'avoir déjà vu ma maman malade.
Mon père avait des sauts d'humeur extrêmes, il exerçait le métier de chauffeur routier, mais il avait aussi une forte tendance à la consommation excessive d'alcool. Il était fréquent que mon père ne rapporte pas sa paie à la maison, car il la dépensait généralement dans les bistrots, et quand il était ivre, il devenait extrêmement désagréable envers notre maman. Cela nous faisait beaucoup de peine, nous étions malheureusement trop jeunes pour pouvoir faire quoi que ce soit. Maman passait beaucoup de nuits éveillées, lorsque la nuit était remplie de ses cris incessants jusqu'à l'aurore. Et, une fois qu'elle parvenait à le mettre enfin au lit, pour elle, il était temps de se rendre au travail, après une nuit sans repos. Mon père partait sereinement pour sa journée de travail, une fois qu'il avait retrouvé ses esprits. Chaque fois que la nuit tombait, la peur nous saisissait tous, nous faisant trembler d'effroi. Je me demandais toujours comment il allait rentrer ce soir-là. Pour nous protéger, maman nous ordonna d'aller au lit afin d'éviter tout contact avec lui. Malheureusement, le sommeil nous échappait, tandis que nous entendions ses cris résonner avec violence, accompagnés de paroles cruelles envers maman, nous étions terrifiés à l'idée qu'il pénètre dans notre chambre pendant la nuit, ou qu'il lui fasse du mal.
Quand j'avais l'âge de jouer avec mes copines, maman me disait toujours d'être à la maison avant que papa ne rentre, car il nous l'interdisait. Un jour, je suis partie de la maison sans demander la permission à maman, et j'ai suivi ma copine. " Maman ne s'en rendra pas compte, et puis-je ne vais pas très loin" ! Ma copine et moi nous avons emprunté un ancien chemin de gare qui n'était pas éloigné de notre domicile. Je me souviens très bien, nous sommes montés sur un escalier très raide et en mauvais état, et je suis tombée en arrière sur la tête. En me relevant, j'ai pris conscience que je ne voyais plus rien, j'avais perdu la vue. Ma copine m'a aussitôt conduit à la maison ou maman m'attendait. Elle lui a raconté ce qui s'était passé. Paniquée, maman m'a conduite rapidement au lit en me disant qu'elle ne pouvait pas consulter de médecin, car mon papa allait bientôt rentrer. Les larmes coulaient sur mon visage, remplie de peur de ne plus jamais revoir. Essayant de me réconforter, elle me promettait que demain ça irait mieux. Puis, la sonnette retentit... c'était mon père, ivre une fois de plus. En repensant à cette situation aujourd'hui, je me rends compte que ma maman redoutait réellement son mari pour me laisser ainsi, exposée à tous les dangers.
Dicton : C'est quand je vous ai vu Rire avec les Personnes que vous avez critiquées, que j'ai compris qui vous étiez !
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