dimanche 12 janvier 2025

La blessure cachée

 


 Chapitre 10


Quand ma sœur est finalement revenue, elle était mariée à un homme de lorraine. Mes parents étaient choqués, mais ils ont fini par accepter cette décision. Pour ma part, dès que je l'ai vu, je n'ai pas du tout apprécié cet homme. Il y avait quelque chose dans son expression qui semblait indiquer qu'il n'était pas sérieux ni fiable, généralement, je ne me trompe pas lorsque je juge les personnes, mais peut-être, juste peut-être, cette fois-ci, j'ai pu me tromper.  Je n'ai jamais osé répéter à ma sœur les paroles effrontées qu'il m'avait dites, à quoi cela aurait-il servi de toute façon, elle n'aurait sans doute pas cru un mot de ce que je lui aurais raconté. Elle était aveuglée par son amour pour lui. J'ai toujours évité son regard, tandis que ma sœur, ne se doutant absolument de rien, ne voyait pas son regard toujours fixé dans ma direction, comment peut-on être aussi ignorante ? Elle se croyait si intelligente, mais elle n'a pas su voir qu'elle était tombée entre les mains d'un malade.  Il affichait un regard moqueur et intrigant. Sans logement, mes parents leur ont offert l'opportunité de résider chez, eux provisoirement, le temps de dénicher un appartement et pour lui de trouver un emploi. Quelques mois ont passé, mais monsieur ne montrait aucun intérêt pour trouver un emploi, il semblait satisfait d'être pris en charge, sans se soucier de son avenir. Toutefois, mon père a finalement atteint sa limite et a décidé de s'en mêler. Un jour, il a eu le culot de me dire " dommage que je ne t'aie pas connu toi a la place de ta sœur" Et c'est à partir de ce jour-là que j'étais sûr que je ne me suis pas trompé. Je ne voyais pas ma sœur finir les jours avec ce mec-là. Un jour, il y aura des problèmes ! J'en étais certain. Je n'ai jamais répété à ma sœur ce qu'il avait le culot de me dire, à quoi bon, elle ne m'aurait sans doute pas cru. Elle en était tellement amoureuse.  Plus tard, lorsque leur petite fille  est née, ils m'ont demandé d'être sa marraine bien sûr, sans hésiter, j'ai accepté, j'étais ravi à l'idée de pouvoir la choyer. J'aimais faire des balades avec elle, c'était ma petite fille. Dommage, elle a grandi tellement vite. Plus tard, elle retombe enceinte d'une autre petite fille, Marie. Je n'ai jamais compris pourquoi elle a accepté d'avoir un autre enfant. Il y avait de la tension entre eux, mais elle était trop fière pour l'avouer. Lui n'avait pas envie de travailler, et pourtant de l'argent, il en avait toujours. C'était un accro des machines à sous, un arnaqueur, et un bon parleur. Quand la petite Maria est née, il ne l'a jamais vraiment acceptée, faisant toujours sentir à l'ainée qu'elle était sa préférée, il oubliait souvent qu'il avait deux filles, cela devait être triste pour une mère de voir le père renier son propre enfant. Mais, comme je l'ai mentionné, ma sœur était spéciale, elle était tellement intelligente qu'elle se gardait de poser des questions. Il passait la plupart du temps sans emploi, mais toujours avec de l'argent, il offrait des cadeaux coûteux. Ma sœur jouait les grandes dames, surtout les Noëls.  Le fait que mes cadeaux soient modestes, j'ai travaillé dur pour les obtenir, refusant de recourir à la tromperie ou autres. Une expérience qui hantera éternellement mes souvenirs. Ce maudit jour où je me suis rendu chez ma sœur. J'ai sonné à la porte, et mon beau-frère m'a accueilli. Quand j'ai demandé si ma sœur était présente, il m'a répondu que non, mais qu'elle ne tarderait pas. Je me suis senti un peu mal à l'aise, ne sachant pas si je devais entrer ou simplement repartir. Et puis bon... finalement, c'est mon beau-frère, il ne va pas me dévorer. Pourquoi devrais-je me méfier de lui ? s'il essaie de me draguer, je le remettrais rapidement à sa place. Mais, je n'aurais jamais imaginé qu'il oserait me faire quelque chose d'aussi horrible. Après avoir refermé la porte, comme une bête sauvage enragée, il s'est jeté sur moi, me poussant violemment dans la chambre. Il a tenté de m'embrasser de force, alors que je me débattais désespérément. Cependant, sa force était bien supérieure à la mienne, il m'a jetée sur le lit, enlevé mes vêtements et m'a violée de manière brutale, me laissant pleurer. Me sentant profondément souillée une fois qu'il en a eu fini, il m'a regardée droit dans les yeux et m'a ordonné : "n'essaie même pas d'en parler à ta sœur, de toute façon, elle ne te croira pas." Tremblante et en larmes, je me suis enfuie, je savais que personne ne me croirait si je dévoilais cette vérité, alors j'ai gardé ce fardeau en moi, vivant avec cette douleur. Ce poids insupportable chaque jour. Cest surtout la nuit, lorsque cette scène répétitive se jouait de nouveau dans mes cauchemars, est-ce que j'ai vraiment mérité autant de souffrance ? Non, je ne le pense pas. Il était le diable en personne. Depuis ce jour, je n'ose plus affronter le regard de ma sœur. En effet, je me sens coupable d'être entrée dans cet appartement. Elle se distancie de moi, alors que je suis la véritable victime, chaque nuit, mes larmes amères de déception et de tristesse coulent. Après un certain temps, ma sœur a découvert qu'il avait eu une liaison avec la secrétaire d'un de ses amis, pendant qu'elle était en vacances en Bretagne, il l'a fait venir chez eux, et j'aurais dû profiter de cet instant pour en parler à ma sœur. Pourtant, je ne l'ai pas fait. Ma sœur n'a pas hésité à demander le divorce, et à ce moment-là, mon beau-frère dit : "avec ta sœur, j'ai couché aussi." Ma sœur a gardé cela pour elle longtemps. Mais, un jour, nous avions une discussion et très vite, elle s’est emportée, en me disant "toi aussi, tu t'es tapé mon mari. « Je pense qu'elle avait gros sur le cœur, ça devait sortir, ce que je peux comprendre. Je croyais sur le coup, qu'une personne me poignardait le ventre. J'étais sans voix. Après avoir repris mes esprits, j'ai essayé de discuter, mais elle me considérait comme la coupable, elle ne croyait pas en mon histoire. J'ai abandonné, pourquoi continuer à parler si elle ne me croit pas ? Il a réussi à me salir, à semer le chaos, tout cela parce que je ne voulais pas de lui. Il prenait plaisir à mes souffrances, un véritable malade mental. Je ne comprends pas ma sœur, il l'a trompée, menti et trahie maintes fois, et pourtant, elle me traite de menteuse lorsque je lui dis qu'il m'a violée. Et, les nuits où je redoute de dormir dans le noir, est-ce parce que j'ai pris du plaisir avec lui ? Non, je ne pense pas, il était le diable en personne. Depuis ce jour, je n'ose plus regarder ma sœur en face. Si aujourd'hui, il apprenait que notre relation s'est détériorée à cause de ses actes, il en tirerait sans doute satisfaction, alors que c'est lui le véritable misérable.

  En effet, je me sens coupable d'être entrée dans cet appartement, elle prend ses distances alors que je suis la victime. Chaque nuit, je verse des larmes amères et de déceptions. Je sais que la culpabilité ne sert à rien parce que ce n'était pas ma faute. Je sais qu'il m'a sauté dessus, mais je ne peux pas m'empêcher de pleurer en y repensant. Je crois que c'est la deuxième fois que je me sens aussi mal de ma vie. C'est mal et malsain. Je me sentais tellement seul. J'avais l'impression que le monde autour de moi s'écroulait. J'avais de plus en plus de mal d'avoir encore la force de faire face à toutes ces douleurs qui me rongeaient quotidiennement. J'étais désespéré. J'avais besoin que l'on m'aide, mais j'ignorais où aller, à qui me confier. Ne me jugez pas, je me sens assez mal comme ça. Je ne voudrais pas que l'on me rabaisse ou que l'on me critique. Vous savez, même ancienne, la souffrance reste malgré tout présente.

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