dimanche 12 janvier 2025

Le collège

 


 Chapitre 14 


Ma fille a commencé à changer, je ne la reconnaissais plus. Elle s'habillait et parlait de manière à ressembler à une délinquante. Les personnes qu'elle fréquentait étaient peu respectables et recommandables. Je sentais qu'elle s'éloignait de moi. Elle n'arrivait plus à ce concentré sur ces études, préférant passer son temps à penser aux garçons. J'avais beau essayer de lui parler, elle s'en moquait littéralement. Mais, pourquoi Dieu me punissait-il ainsi ? N'ai-je pas suffisamment souffert ? Je lui avais pourtant donné tout mon amour, et quand elle avait besoin de parler, j'étais toujours à son écoute, j'étais toujours là pour elle. J'étais dévastée, je pleurais quotidiennement, je ne savais plus comment faire. Mon mari n'était jamais présent. J'ai élevé ma fille toute seule. J'ai fait tout mon possible pour elle. J'ignore ce que j'ai fait pour qu'elle soit devenue si distante avec moi. Elle commençait à fréquenter des garçons plus âgés. J'ai été témoin, un jour, de son baiser avec un garçon, cachés derrière l'immeuble. Une onde de choc a traversé mon être, me coupant le souffle, ma fille, hier encore bébé, défiait brusquement les limites de son âge. Ma fille était en train de s'éloigner de moi. Je l'ai menacé de tout raconter à son père si elle continue à faire ce qu'elle veut. Après avoir discuté avec elle, elle m'a promis de ne plus recommencer. Et, moi, je l'ai cru, enfin, j'ai plutôt essayé de la croire. Un jour, elle m'a demandé si elle pouvait aller avec sa copine, que je connaissais, a une soirée pour les jeunes qui se trouvait près de chez nous. Je lui ai donné la permission tout en la mettant en garde. Comme je n'avais plus la même confiance, je suis allée voir. À ce moment-là, j'aperçois le petit frère de sa copine, et je lui demande " où est Laura " il me répond " derrière un arbre avec un garçon". Prise de panique, je cours vers eux et découvre ce jeune homme, nettement plus âgé que ma fille. L'adrénaline montante, je lui lance un avertissement sévère, promettant d'alerter les autorités si jamais je le vois encore en sa compagnie. Ce soir-là, je me suis rendu compte que je ne pourrai plus gérer ma fille seule. J'ai donc abordé le sujet avec mon mari, il n'a pas cherché d'explication, il l'a giflé, mais ma fille lui riait dans le visage et ça le rendait fou de rage. J'ai dû le calmer. Après, nous avons pris la décision de vendre l'appartement et de construire loin de la ville dans un patelin. C'était la meilleure solution, car j'aurais perdu ma fille.

Ma fille avait très envie d'un chien, son parrain lui a donc acheté un chien, on pensait que ça l'aiderait à changer. C'était un très beau chien, un Golden Retriever de trois mois, elle s'appelait Rustine. Au début, elle adorait faire des balades avec elle, mais ça n'a pas duré, et je devais m'en occuper. Quand je lui demandais de sortir avec elle, elle le faisait vraiment à contrecœur. Il y avait quotidiennement des disputes. Je me souviens de cet après-midi-là.  Il convient de préciser que j'avais opté pour le métier de nourrice alors que ma fille n'avait que deux ou trois ans, désireuse d'assurer une présence constante auprès de ma fille. Ce jour-là, j'avais demandé à ma fille de descendre rapidement avec Rustine pendant que je finissais de préparer la table. Je me souviendrais toujours, j'avais fait un gratin aux nouilles. Le petit que je gardais était déjà installé dans sa chaise haute quand une personne frappe à la porte" Ce n’est pas le moment de déranger les personnes à cette heure-ci", j'ouvre la porte, la voisine paniquée « ta fille hurle dans l'ascenseur, elle est coincée. J'ai tout lâché, et j'ai couru dans le couloir, et j'entends ma fille crier comme une hystérique. Je tente de la calmer, mais rien n'y fait. Mais, que s'est-il donc passé. Tous les voisins sont présents, ils tentent d'ouvrir la porte, cependant la porte s'est bloquée. Toutefois, ils insistent, et là l'horreur, Rustine est pendue au plafond de l'ascenseur, étranglé. Laura n'a pas rentré la laisse dans l'ascenseur, alors qu'à chaque fois, je lui répétais de bien la rentrée à lintérieur. J'ai accusé ma fille pour la première fois, en lui disant que tout était sa faute, alors que ma fille a tout de même assisté à la mort de son chien, néanmoins je lui en voulais beaucoup.

Nous avons attendu pendant plus d'un an avant de pouvoir aménager dans notre maison. La construction n'allait pas vite, beaucoup d'intempéries. J'avais hâte de quitter cet endroit et de commencer une nouvelle vie. J'ai inscrit ma fille dans sa nouvelle école assez rapidement. En me renseignant, j'ai appris que c'était l'école de Bischwiller. Cette réponse m'a achevé. Une école mal fréquentée, et mal vu. J'ai fait des pieds et des mains, pour avoir une dérogation. J’ai finalement réussi, et elle pouvait aller à l'école de Drusenheim. Un grand soulagement pour moi.  Ce collège était bien noté, mais cela m'a contraint à faire la route quatre fois par jour pendant un an. Les semaines sont devenues une période d'éternité.

J’avais de très bons voisins avec qui j'entretenais de bonnes relations, et je savais qu'ils me manqueraient beaucoup. Pour ma fille, c'était Papy Albert, et pour Jenny, c'était mamie jenny. Jenny me traitait comme sa propre fille. Chaque samedi matin, elle me déposait une rose devant la porte, elle était adorable, un petit bout de femme extraordinaire. Albert avait un caractère difficile, il voulait toujours avoir raison, il voulait toujours avoir le dernier mot. Elle se sentait obligée de se plier aux désirs de monsieur lorsque le poids de ces exigences la submergeait, elle trouvait refuge à mes côtés, déversant ses tourments avant de chercher du réconfort dans mes bras. Ensemble, nous chassions la mélancolie par des parties de cartes endiablées ou des conversations nocturnes étoilées.  Bien que papi dominait souvent les débats avec mon mari, il reconnaissait qu'avec moi, il devait se confronter à une opposition de pensées, car j'étais ferme sur mes positions. Mon mari semblait toujours se ranger aux opinions de papi, alors qu'en secret, il s'y opposait.  Lorsqu'il y avait des diners dansants, nous sortions souvent ensemble, c'était génial. Nous étions les plus jeunes de toute la bande. Cependant, je dois dire que nous rigolons davantage avec les personnes âgées, car elles savent mettre de l'ambiance. Jenny avait cinquante-six ans et papi cinquante-huit, il souffrait de douleurs dorsales, et Jenny de terrible migraine. Elle se faisait administrer une injection quotidienne pour prévenir les migraines. "sans ces antidouleurs, ma vie serait intolérable, j'envisagerais le pire," admettait-elle souvent. J'étais triste pour elle. Elle était vraiment gentille et ne méritait pas de souffrir, la pauvre. Puis, ils ont décidé de partir en vacances pour deux semaines, et quand ils sont revenus, c'était à notre tour de partir une semaine en Normandie. Une semaine était prévue, mais nous avons prolongé notre séjour d'une semaine en plus. Quand nous sommes rentrés de vacances, je dis à mon mari" regarde, c'est Nathalie, la fille de Jenny qui promène le chien, j'ai le sentiment que quelque chose ne va pas" J'avais une intuition étrange. À peine rentrer chez nous, on frappe à la porte, c'était Nathalie, les yeux rouges et gonflés. Elle m'annonce que Jenny est décédée. Je croyais m'évanouir, c'est impossible, je la serre dans les bras, "mais que s’est-il passé" " elle a fait une crise cardiaque, le soir en regardant la télé," " non, c'est impossible, je vais me réveiller « submergée par l'immensité de mon chagrin suite au départ de ma meilleure amie, le sommeil m'a cruellement fui, me forçant à affronter une nuit interminable. Pourquoi ne sommes-nous pas rentrés à la date prévue, j'aurai encore pu la voir une dernière fois. Elle a été incinérée. Je l'ai accompagnée vers sa dernière demeure, tout en me demandant pourquoi elle ? Je pense souvent à elle, et elle me manque énormément. Nous n'avons pas laissé tomber papi, il montait souvent et nous discutions de tout et de rien. Mais, la phrase à ne pas me dire à moi" La vie continue" merde, il vient de perdre sa femme. Après la disparition de Jenny, ma meilleure amie, plus rien ne me retenait ici et j'avais vraiment hâte de partir. Mon amie est partie, et ceux pour l'éternité

 

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