Chapitre 18
Depuis de longues années, je souffre de la maladie des jambes sans repos, comme ma maman auparavant. Le médecin a affirmé que cette maladie était héréditaire. Au début, mes symptômes étaient gérables, et je ne souffrais pas régulièrement. Cependant, au fil des années, la douleur s'est intensifiée, au point de m'empêcher de dormir la nuit. Mes jambes en constant mouvement me causaient une souffrance intense. D'ailleurs, souffrir semble être un euphémisme, car il est purement impossible de rester immobile, surtout la nuit lorsqu'on tente de s'endormir. Cela se traduit donc par des nuits sans sommeil. Mon rendez-vous avec le médecin ne fut guère fructueux sans véritable investigation, il me délivra une prescription de médicaments pour améliorer ma circulation sanguine. Je les ai pris longtemps. Mes symptômes s'aggravèrent cependant, me privant de sommeil. Les nuits se transformèrent alors en un cauchemar interminable, passées à pleurer et à faire face à l'insomnie. Mon mari ne montra aucun intérêt pour ma souffrance, refusant d'écouter mes plaintes, je me retrouvais donc à passer la moitié de mes nuits dans la salle de bain, cherchant un bref soulagement en appliquant de l'eau froide sur mes jambes, même si cela ne durait jamais plus de 10 minutes. Et, puis, je recommençais. Tant que je restais debout, je pouvais supporter la douleur, mais une fois immobilisée, c'était l'horreur absolue, je marchais, je pleurais, totalement seule dans cette épreuve, mon mari ne s'est jamais levé pour voir si tout allait bien, au contraire, il s'installait confortablement dans le lit. Parfois, je m'endormais sur le canapé, mais à peine endormie, il fallait déjà me relever pour accueillir les enfants que je gardais. Je savais que prendre un congé de travail, était hors de question, mon mari l'aurait très mal pris, comme si c'était la fin du monde. J'étais épuisée mentalement. Avec ce manque de sommeil, je suis devenue très irritable. Je suis retournée chez mon médecin, me suis installée sur sa chaise de bureau et je lui ai dit : " "je suis déterminée à rester ici, jusqu'à ce que vous me donniez quelque chose qui puisse réellement m'aider, peu importe les risques. Je veux juste être soulagée de la douleur et enfin pouvoir dormir. Il m'a effectivement prescrit un médicament fort ; en me mettant en garde, si j'en abuse, ça pourrait être fatal. Un soir, j'ai constaté que les médicaments ne faisaient pratiquement plus d'effet, les symptômes de ma maladie revenaient progressivement, et je refusais de vivre à nouveau l'enfer que j'avais déjà connu. Mes journées étaient épuisantes avec les enfants, et moi aussi, je désespérais de ne pouvoir dormir. Ce soir-là, je n'ai pas pris un seul cachet comme le médecin me l'avait prescrit, mais deux, ce second cachet a bien failli me tuer si j'avais été seule cette nuit-là, je ne serais peut-être plus là aujourd'hui. Heureusement que ma fille était exceptionnellement à la maison cette nuit-là. Je me suis réveillée, me sentant terriblement mal avec des nausées, des vertiges et des sueurs froides avec beaucoup de difficulté, je me suis levée et ai fait route vers la salle de bain, à ce moment-là, ma vision s'est brouillée et j'ai perdu connaissance. Quand je me suis réveillée, j'ai rampé jusqu'à la chambre pour prévenir mon mari. Il a immédiatement réveillé notre fille, car il ignorait que faire. Ma fille très vite a appelé les urgences, et très vite, ils sont arrivés. Alors que je sentais ma vie m'échapper, à moitié consciente, ils m'ont déposée avec précaution sur une chaise pour me descendre de l'étage. Ma fille, les larmes aux yeux, a capté le seul mot que j'ai réussi à articuler, "médicaments". Heureusement, Laura a compris, et a retrouvé la boîte sur la table de la cuisine. À l'hôpital, ils ont procédé à un lavage d'estomac, ma fille voulait me voir. Cependant, cela ne lui était pas permis, car les médecins ont supposé que j'avais tenté de me suicider. Une fois rétablie, j'ai expliqué aux médecins que la douleur était si intense, que j'avais pris deux cachets à la place d’un. Ma fille était profondément bouleversée, elle n'a jamais pu se remettre de cet épisode traumatisant, chaque fois qu'elle entend une sirène, elle ressent un profond malaise. Pendant ces nuits où la douleur était constante, je m'efforçais de ne pas déranger ma fille qui devait partir travailler le lendemain. Cependant, je ne pouvais pas m'empêcher de bouger les jambes. Ma fille restait éveillée, ne dormant que d'un œil, prête à me masser les jambes, dès que je remuais. Malgré nos efforts pour soulager la douleur, les balades nocturnes dans le lotissement avec notre chien Sybella, après chaque épisode d'inconfort. Ma fille était toujours inquiète pour moi. Les samedis soir, j'essayais de la convaincre de sortir et de s'amuser. Cependant, elle préférait rester près de moi, j'aurais voulu avoir un mari qui prenne soin de moi, cela aurait grandement rassuré ma fille, mais apparemment, ce n'était pas le rôle du mari ! La nuit était un défi constant pour ma fille et moi, elle était toujours là pour me soutenir et me soulager, même si cela signifiait passer devant la maison plusieurs fois pour s'assurer que tout allait bien.
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