dimanche 12 janvier 2025

La lettre a mon mari

 


 

Chapitre 20 

 

Lorsque tu liras cette lettre, je serais loin. J'ai longtemps réfléchi et j'ai compris que plus rien ne me retient ici avec toi. Entre nous, il n'y a plus rien, et cela fait bien longtemps. Ces dernières années, je vivais avec un homme que je ne connaissais plus et que j'aimais tellement fort. Plus les années ont passé et moins, tu me regardais où me remarquait. Ton regard méchant, ton agressivité lorsque tu me parlais et ton animosité envers ma famille. Jamais, je ne pourrais oublier ton comportement que tu as eu le jour de Noël, chez maman. Tu n'as même pas daigné dire au revoir à mon frère mourant. Cela fait deux Noëls de suite que tu nous as laissés en plan, ta fille et moi, tu as préféré rejoindre ton lit. Trouves-tu ce comportement normal ? Trouves-tu normal que tes potes me critiquent et me regardent de travers, et toi, tu t'éclates avec eux !  Excuse-moi, je pense que cela est malheureux. Ne me dis pas que tu ne savais pas, je te l'ai dit, à moins qu'une fois de plus, tu ne m'as pas écouté. Ces derniers temps, j'ai essayé de me souvenir des bons moments avec toi, et j'ai beau me creuser la tête, je ne trouve pas, il n'y en a pas eu, même après 30 ans de mariage, le seul beau cadeau que tu m'as fait, c'est notre fille. C'est tout. Lorsque j'étais malade, jamais, tu n'étais près de moi. J'avais besoin de toi et d'une main pour me réconforter et me rassurer, mais non, ton travail passait avant tout, avant nous. Toutes ces choses qui avaient, pour moi, tellement d'importance. Au mariage de notre unique fille, tu ne lui as même pas demandé si tout se passait bien de peur qu'elle te demande de l'argent. Mais, notre fille savait parfaitement que tu ne l'aiderais jamais financièrement, tu étais bien trop radin. Sache que nous avons une fille formidable et moi, je sais l'apprécier, mais toi ! Tu ne l'écoutais jamais, mais les voisins, tu savais les écouter. Si, par chance, tu m'écoutais dans un moment de bon vouloir, il ne fallait surtout pas que je te raconte quelque chose de négatif. Ta seule discussion, c'était l'argent, toujours l'argent. Je sais très bien que c'est important pour vivre, mais la famille aussi. À présent, il est bien trop tard pour revenir en arrière. Tu as réussi à tout casser. Je ne demandais pourtant pas grand-chose, juste être heureuse avec l'homme que j'aimais. Aujourd’hui, je préfère aller de l'avant et me construire mon petit nid douillet seul où personne ne pourra me blesser ou me faire du mal. La solitude ne me fait pas peur. Cela fait longtemps que je suis seul. Je quitterai cette région, pour longtemps. Je laisserai derrière moi, mon travail, mes amis et tous ceux que j'aime, mais je n'ai plus le choix. J'ai de la peine pour notre fille, elle a le cœur brisé de ne plus m'avoir près d'elle. Mais, je sais que rester ici, je ne trouverai pas la paix. Tu as réussi ce que tu voulais. Toi qui disais toujours que notre relation n'était pas normale, à qui la faute ! À présent, elle n'a plus que toi, alors prends soin d'elle, joue pour une fois ton rôle de papa. Je suis déjà parti il y a quelques années auparavant, tu es revenu vers moi, en me suppliant de rentrer chez nous, pourquoi !  Y avait-il un vide dans ta cuisine. Où manquait-il un meuble dans ton salon ? À présent, je veux vivre comme je l'entends. Je sais que ça sera difficile ; mais je me battrais. C'est avec le cœur en miette que je t'écris cette lettre d'adieu. Pardonne-moi, mais je ne reviendrai plus jamais.  

 

 

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