dimanche 12 janvier 2025

L'apprentissage de ma soeur

 


 Chapitre 6 


Le temps a passé, et mon père continuait de boire en excès, tandis que ma maman s'épuisait au travail. Ma sœur avait pour ambition de devenir coiffeuse, et elle avait réussi à trouver un patron pour lui enseigner le métier. Cependant, mon père s'y était toujours opposé, soutenant que travailler dans une usine était bien plus lucratif, ou comme charcutière, ou mieux encore que nous entrions dans un monastère. Son raisonnement était complètement absurde, dire une telle chose à ses propres enfants, alors que d'autres parents souhaitent voir leurs enfants exercer de beaux métiers... et pourquoi lui-même n'était-il pas devenu moine plutôt que de partir en Indochine, peut-être aurait-il eu un peu plus de bon sens.  En fin de compte, rien de surprenant avec lui, on était toujours à l'affût de ses remarques blessantes ou stupides. Toutefois, ma sœur n'a jamais terminé son apprentissage. C'est bien elle qui aurait dû rentrer dans un monastère, elle n'aurait pas eu que des garçons en tête.

 Ma sœur a quitté la maison un beau jour sans prévenir personne, nous laissant tous dans l'ignorance de sa destination. Mon père avait commencé à me soupçonner de connaître son secret. Pourtant, comme lui, j'étais dans l'incapacité de détenir la moindre information, même si j'en avais été informée, je n'aurais jamais trahi sa confiance, je me serais contentée de le dire à maman pour qu'elle ne s'inquiète pas. Ce dimanche-là, alors que je m'asseyais paisiblement sur le canapé, j'ai regardé la télévision, pour une fois qu'il y avait une émission intéressante, mon père m'a bombardée de questions sur ma sœur, et au fond, je lui ai dit mentalement : "pose donc tes questions à ta propre fille plutôt qu'à moi, je suis là avec vous, et je ne suis coupable d'aucun méfait." j'ai choisi de garder le silence. Et, plus il insistait, plus je le voyais se transformer en une colère dévorante.  La rage m'envahit dès que je revis cette scène dans ma tête, comment mon père a-t-il pu me détester au point de vouloir me causer tant de mal ? J'étais assise calmement, mes jambes vêtues de collants bleus à la mode, j'avais entre 13 ou 14 ans soudain, mon père agrippe les jambes, déchire mes collants et me lance toutes sortes d'insultes, j'essaie de me lever pour m'éloigner de lui. Cependant, il me saisit les cheveux, prend ma tête entre ces mains, et me tape la tête plusieurs fois contre le mur, alors que mon père devenait de plus en plus violent, maman a tout fait pour se mettre entre nous, lorsqu'il m'a finalement lâché, je me suis précipité hors de la maison, presque nu, et pieds nus, cherchant désespérément un refuge sûr. Un vieux bâtiment abandonné m'a offert sa protection, et c'est une vieille dame bienveillante qui m'a accueilli, je lui ai raconté toute l'horreur que j'avais vécue et elle a immédiatement contacté la police. La peur m'envahissait, alors que je cherchais à comprendre pourquoi mon propre père avait commis de tels actes. Heureusement, la police est arrivée rapidement et l'a arrêté, l'envoyant passer la nuit en cellule. Maman et moi avons passé une nuit blanche, nous demandant ce qui se passerait lorsqu'il reviendra à la maison.

Le matin très tôt, on sonne à la porte, c'est lui, je file très vite dans ma chambre. Je ressens une douleur abdominale intense, je suis prise de tremblements, je souhaiterais pouvoir me rendre invisible. J'écoute, je retiens ma respiration, je n'entends rien, mais mon cœur bat à toute vitesse, je vais m'évanouir ! Là, j'entends des pas qui se rapprochent de ma chambre, ma gorge se serre, et je suis là, debout et je ne peux plus bouger. Dieu merci, c'est maman qui vient me dire que tout va bien. Ainsi, je suis restée toute la journée dans ma chambre sans broncher pour que surtout, il m'oublie. J'étais rassurée, et toutefois, je savais qu'il me reprocherait cette histoire quand il aura bu.

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