dimanche 12 janvier 2025

la routine familiale

 


Chapitre 3 


Les dimanches à la maison étaient toujours la même routine, avec papa assis dans son fauteuil, regardant la télévision et maman se pliant à ses désirs.  Les journées du dimanche étaient dictées par les exigences de mon père, qui vérifiait que chaque tâche domestique était parfaitement accomplie, du brillant du lavabo jusqu'à la propreté des escaliers. Malgré mon envie de jouer dehors avec mes copines, mais cela m'était interdit. À cette époque, à l'âge de 10 ou 11 ans, je me retrouvais souvent seule les dimanches après-midi, j'avais pris l'habitude de m'installer à une table et d'écrire des poèmes, laissant libre cours à mon imagination débordante, j'ai toujours été passionnée par l'écriture dès mon plus jeune âge. Quand la nuit tombait, interdiction de mettre de la lumière Aujourd'hui, je regrette de ne pas avoir conservé mes écrits. Ma maitresse me disait toujours, un jour, tu deviendras écrivaine, moi, je souriais, moi écrivaine non pas du tout, j'avais d'autres rêves, devenir coiffeuse.

Néanmoins, il y avait des moments où nous ressentions un fort désir d'aller voir notre grand-mère, qui était la maman de ma maman. Comme ma maman ne conduisait pas, il fallait demander à mon père, et devinez qui était choisie pour aller demander... c'était moi, bien sûr, j'avais déjà trouvé une méthode qui fonctionnait à tous les coups, pour qu'il ne puisse pas refuser. Nos grands-parents habitaient à la campagne, et ils étaient toujours ravis de nous accueillir. Ma grand-mère était si mignonne avec ses charentaises, et son tablier qu'elle portait en permanence, elle était tellement adorable, avec ses longs cheveux qu'elle n'avait jamais coupés. Mon grand-père était plutôt silencieux à la maison, c'était ma grand-mère qui portait le pantalon, elle faisait tout elle-même, elle savait tout faire, de la tapisserie à la plomberie. Elle travaillait également dans les champs comme un homme, c'était vraiment extraordinaire. Sacrée Grand-mère.  Depuis son retour de guerre, grand-père porte encore les cicatrices de son expérience, alors qu'il travaillait avec un cheval, il a été violemment frappé à la tempe, ce qui a affecté sa mémoire. Malgré les souffrances qu'il a endurées dans les camps de concentration, mon grand-père était toujours gentil envers nous. Quand nous repartions, nous avions toujours droit à une tablette de chocolat, quil avait plaisir à nous donner. Quant à ma grand-mère, elle était connue pour dire ce qu'elle pensait, peu importe à qui elle s'adressait.  J'ai hérité de cette franchise, et je pense que c'est une qualité honorable, même si cela ne plaît pas à tous.

Ma grand-mère a dû subvenir seule aux besoins de ses trois enfants, quand ils ont fui la Yougoslavie, sans son mari. Après cinq ans de séparation, la force et la détermination de grand-mère sont exemplaires : elle a dû élever seule ses trois enfants , Quand elle a enfin retrouvé son mari, ils ont pu reconstruire une vie meilleure. Son refus de s'arrêter là, l'a incitée à chercher un emploi. Elle a donc été embauchée par un riche paysan du village, le dur labeur ne lui fait pas peur, et en retour, elle reçoit de la nourriture, des œufs, des poules, des pommes de terre, des légumes et des fruits. Lorsque la saison de travail dans les champs arrive, grand-mère est toujours présente, cueillant les feuilles de tabac, les enfilant et les suspendant sur des cordes, un travail dur, mais cela ne la dérange pas, même sous le soleil brûlant. Je ne peux qu'admirer une femme qui a vécu de telles atrocités.  Mes regrets sont immenses, grand-mère, de ne pas avoir prêté une oreille plus attentive à ton vécu pendant la guerre , maintenant, j'ai tant de questions sans réponse, mais il est malheureusement trop tard.

Quand j'étais jeune, mes vacances chez ma grand-mère étaient mes préférées. Un jour, lors d'une visite chez elle, elle me proposa de venir lui donner un coup de main, pour enfiler le tabac, et en échange, je recevrais un peu d'argent de poche. Papa approuvait, et maman de toute façon. J'étais tellement impatient, surtout de m'éloigner de la maison. Et, voilà enfin ce jour tant attendu. La seule chose négative, c'était de devoir se coucher tôt, à 20 heures, eux aussi, se couchaient à cette heure-là. Je me demandais comment ils faisaient pour dormir, mais bon, impossible de discuter, c'est ainsi !  Heureusement, j'avais mon cahier, et mon stylo pour écrire des poèmes. Par contre, le matin, ils se levaient tôt, à six heures, en plein milieu de la nuit.Le lendemain, j'ai entendu un bruit. Une merveilleuse odeur de café a chatouillé mes narines, je suis descendu et j'ai savouré un délicieux petit-déjeuner avec des tartines beurrées. Mes grands-parents mettaient des morceaux de pain dans leur café, beurk ! ou alors, certains matins, grand-père mangeait des œufs brouillés. Le soir, et tous les soirs d'ailleurs, il fallait manger une soupe avant, été comme hiver.  Grand-mère ne cessait de répéter que celui qui consomme beaucoup de soupe vivra longtemps, et moi, innocente, j'y ai cru. Ce matin-là, ma chère grand-mère, je l'ai suivie pour aller travailler, chacun de nous sur notre vieux vélo, c'était amusant, nos vélos étaient vraiment d'un autre temps. Devant nous se dressait une ferme immense, remplie d'animaux : des vaches, des cochons, des poules, des coqs, des oies, des chats, des chiens, et même d'étranges créatures. J'ai immédiatement été fasciné par cette ferme, et dès notre arrivée, nous nous sommes mis au travail, grand-mère me montrant les gestes à faire, c'était plutôt simple en réalité, mais incroyable en même temps. Alors que mes doigts étaient en train d'enfiler les feuilles de tabac, j'ai été captivé par un sifflement mélodieux, le son se rapprochait de plus en plus et j'ai finalement levé la tête pour découvrir un garçon éblouissant devant moi. cheveux blonds éclatants et ses yeux bleus en amande ont immédiatement attiré mon attention. Je sentais un sourire se former sur mon visage chaque fois que nos regards se croisaient.  Oui, j'ai finalement craqué, et je pense que cela a eu le même effet sur lui, car il continuait à venir sans arrêt. Son sourire était tout simplement magnifique, ma grand-mère lui disait souvent "arrête de tourner en rond et fais ce que tu as à faire", c'était comme si elle était la cheffe de la tribu. Depuis ce jour-là, j'étais la première à me lever le matin, pleine d'énergie. Je commençais à développer des sentiments amoureux, et je redoutais déjà le moment où il faudrait rentrer chez moi. J'ai appris à connaître les parents, le grand frère, et tout le monde a remarqué que depuis mon arrivée, il travaillait plus rapidement. C'était étrange, j'avais une certaine influence sur lui. Toute la famille m'a vraiment appréciée, ils ont même versé une larme en sachant que je devais partir. Sa maman était aveugle, mais elle accomplissait des tâches incroyables malgré cela. Son nerf optique avait été endommagé après une opération de la cataracte, j’avais de la peine pour cette femme, tellement gentille.

 ”J’ai fait semblant d’être stupide, pour ne pas être ennuyé par ceux qui font semblant d’être intelligents”.

 

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